Il n’est pas facile d’être un enfant. Personne de pleine humanité, l’enfant sait qu’il subira
mues sur mues statutaires : élève, collégien, lycéen... pour, un jour, vivre – et faire vivre –
de son métier. Parallèlement, il se prépare, des années durant, à assumer son statut de
citoyen. Ce n’est pas rien pour qui regarde l’histoire et le monde tel qu’il est. « Ici on
s’honore du titre de citoyen » disait-on.
Cette démarche comporte un risque : faire de l’enfant, puis de l’adolescent, un être
qui ne vaudrait que par son devenir, qui soumettrait son présent à ses espérances, qui
préparerait sa seule existence valide, celle de l’adulte qu’il sera. Bien entendu, il est de la
responsabilité de l’école d’amener l’élève à préparer son avenir, même si celui-ci n’en a
pas toujours conscience. Mais, il est également nécessaire de prendre en compte, ici et
maintenant, quel que soit son âge, son présent d’être social.
Et s’il est un domaine où cette attention au présent doit mobiliser les éducateurs, c’est
bien l’instruction civique et morale articulée au socle commun de connaissances et de
compétences. Il s’agit, pour les enseignant(e)s d’amener les élèves à lier la conscience de
leur dignité personnelle à celle des autres, à vivre d’une manière raisonnée (et raisonnable)
la classe et l’école, à s’approprier progressivement les principes collectifs de leur pays,
acteur européen et mondial.
L’ambition est considérable. Évidemment, le collège et le lycée reprendront les fondamentaux de l’école, les préciseront et les développeront. Il n’en reste pas moins que
l’école élémentaire doit amorcer la démarche et la mettre sur les bons rails. Et la question
que se pose l’éducateur-citoyen est toujours la même : peut-on enseigner la citoyenneté
et la morale comme une matière comme les autres ?
Bien entendu, il serait réducteur de renvoyer à des représentations dépassées l’enseignement disciplinaire dans les classes. Cela fait longtemps que les enseignant(e)s ont le
souci de diversifier leurs approches, de les personnaliser autant qu’il se peut, de mettre
en œuvre des stratégies pédagogiques pour susciter l’attention et stimuler l’intérêt. L’instruction civique et morale doit, à l’évidence, faire l’objet de cette attention pédagogique
soutenue. Sauf à se banaliser au risque de l’inexistence.Lire le manuel en ligne