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Par Philippe Perrenoud

Faculté de psychologie et de sciences de l’éducation
Université de Genève
1991

 

Forme la plus connue de la lutte contre l’échec scolaire, le soutien péda­gogique est généralement mis en oeuvre lorsque l’élève a de grosses difficul­tés ; il fait appel à des intervenants distincts du maître de classe, qui agissent souvent en prenant à part les élèves en difficulté. C’est pourquoi le soutien ne saurait être considéré comme une forme achevée de différenciation de l’enseignement.

Pédagogie de soutienExiste-t-il à ce jour une pédagogie différenciée entièrement intégrée à la pratique pédagogique des maîtres de classe, fondée sur une éva­luation for­mative et une régulation continue des appren­tissages, qui préviendrait les difficultés et l’échec plutôt que d’y remédier ? Il semble que non. Les mo­dèles qui s’en rapprochent le plus vont dans le sens d’un élargisse­ment de la pédagogie de maîtrise (Huberman, 1988), pour la rendre plus compa­tible avec les didactiques nouvelles, les courants d’école active, l’approche prag­matique de l’évaluation formative, la conception interactionniste et cons­tructiviste de l’apprentissage (CRESAS, 1987). Mais il y a beaucoup à faire pour que ces conceptions soient praticables à large échelle. Le temps n’est donc pas encore venu de proposer de passer sans délai du soutien à une différencia­tion intégrée. Mais la question de la transition peut se poser.

C’est l’objet de la présente réflexion : évolution ou rupture ? Faut-il déve­lopper une pédagogie différenciée à partir du soutien, en le faisant évoluer, sans heurts vers des interventions plus souples, préventives, con­tinues, intégrées ? Ou faut-il une rupture explicite, qui construirait la diffé­renciation à partir d’autres prémisses, liées à la didactique des disciplines et à la gestion de classe qu’à la prise en charge d’élèves en difficulté ?

À vrai dire, mon analyse n’est possible que parce que les intervenants de soutien se posent depuis plusieurs années les mêmes questions et font évoluer le soutien vers une forme plus large de différenciation. Il serait donc fort injuste de tomber dans la caricature. Le soutien est certainement une forme de différenciation de l’enseignement, il offre à une partie des élèves une aide personnalisée et autant que possible proportionnée à leurs difficultés. Cette forme n’est pas figée, elle peut s’élargir. C’est la plus forte pente. Est-ce une impasse ? Ne faut-il pas, pour développer une différenciation plus large, in­tégrée à la salle de classe et à l’action pédagogique quotidienne, accepter de poser les problèmes autrement et d’impliquer l’ensemble des enseignants ?

Pour contribuer à poser plus clairement ce problème, j’envisage :

1. d’abord de dire ce que pourrait être une différenciation de l’enseignement complète et intégrée, et pourquoi elle me semble nécessaire si l’on veut faire vraiment face aux inégalités devant l’école et à l’échec sco­laire.

2. ensuite de préciser les raisons pour lesquelles le soutien, dans ses formes actuelles, ne devrait être qu’une force d’appoint dans le cadre d’une véritable différenciation de l’enseignement.

Alors, je pourrais poser plus rigoureusement cette question : du soutien pédagogique à une vraie différenciation de l’enseignement, d’aujourd’hui à demain, évolution ou rupture ?

Je traiterai successivement des points suivants :

I.       Echec scolaire et différenciation

II.      Atouts et limites du soutien

III.    Vers une vraie différenciation : obstacles en tous genres

IV.     Stratégies de changement

V.      La place et les apports du soutien à long terme

VI.     Un capital transmissible.

VII.   Conclusion : il faut à la fois évolution et rupture. 

 

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par Karim Kherbouche

Tag(s) : #Pédagogie
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