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Zemmour, à son tour, (sur RTL le 17 mars 2011) émet des réserves sur le "printemps" dit "arabe", (alors que les Libyens massacrés sont Berbères, par exemple à Zouara), non pas une prudence nécessaire, mais l’idée fondamentale a priori que cela ne présage rien de bon sinon un autre pire alors que les vieilles lunettes explosent y compris au Yémen et à Bahreïn (les saoudiens y interviennent comme les soviétiques l’on fait à Prague à Berlin à Budapest).

La position de Zemmour dévoile ainsi son réel conservatisme, négatif, fait de repli sur soi différentialiste (alors qu’il ne suffit pas de se replier dans les bras de Chateaubriand pour combattre le nihilisme) comme si son propre conservatisme de repli (très british) se sentait lié paradoxalement au conservatisme arabo-musulman, qu’il combat pourtant, mais qu’il pose, de fait, comme l’ennemi officiel dont l’élimination le laisserait seul avec son propre anti-modernisme.

C’est là le danger des conservatismes qui en réalité se font concurrence et peuvent se retourner ensemble (tout en marchant séparément) contre la démocratie et la liberté par peur du changement qui en effet doit s’affiner pour consolider (ou le conservatisme positif p. 15, exemples) toute ouverture vers une extension de civilisation et non pas le contraire ; en réalité Zemmour suit en cela nombre de conservateurs pro-israéliens, ou à l’inverse pro-arabistes, dont la hantise première est bien l’émergence d’un mouvement de fond de liberté qui fragiliserait non pas le sionisme, mais le différentialisme religieux (anti-sioniste) tel qu’il est désormais vécu dans certains quartiers de Jérusalem où la Cour Suprême israélienne a ainsi permis que des autobus soient désormais divisés (sur une base volontaire) selon le sexe.

Observons que cela sert déjà d’argument en France, par exemple le halal alors que le cacher n’est pourtant pas exigé dans les écoles, ou pour la construction sur fonds publics de mosquées alors que les synagogues ont toujours été construites sur des fonds privés (en Italie la grande synagogue de Turin n’a cependant pas pu être avalisée telle, elle est devenue l’actuel Institut du cinéma).

Quant à Christine Cler (outre les propos biaisés habituels sur l’intervention américaine en Irak et son refus de toute intervention en Libye) va bien plus loins dans le conservatisme que Zemmour dont les origines sans doute l’empêchent de basculer son conservatisme vers la soumission à la conception musulmane du monde religieux : ainsi lors d’une émission des Grandes Gueules (le 15 mars) et alors que la grande gueule Karim Zeribi parle de religion, il fait soudain référence aux différents messages émis par les "Prophètes" dans lesquels il inclut "Jésus", tout en précisant que l’islam le reconnaît tel.

Scoop : Jésus n’est pas un prophète. Christine Cler aurait dû tout de suite démentir ce hoax.

Et là il ne s’agit même pas de croyance mais de vérité objective : en effet, du moins, selon les Evangiles, Jésus n’est pas considéré comme un prophète par les chrétiens mais Dieu venu sur Terre pour annoncer (par le Verbe) la Bonne Nouvelle : le fait que l’on puisse accéder dès maintenant (et sans mourir ou attendre la fin des temps) à la Félicité du Royaume (je l’explique dans un récent texte paru sur le site de la revue Dogma).

Or, laisser ainsi dire la grande gueule Karim Zeribi c’est participer à la réduction du christianisme à son devenir de secte dissidente musulmane, comme elle l’est devenue en Orient, avec la complicité des chrétiens orthodoxes eux-mêmes qui ont préféré s’allier aux musulmans radicaux contre les juifs puisqu’ils considèrent ceux-ci comme peuple déicide, ce qui est faux comme l’a affirmé résolument cette fois le Pape (même si cela n’exempte pas le fait que les Pharisiens de l’époque étaient résolument contre Jésus du fait qu’il se présentait comme le Messie que les juifs attendent).

On le voit, les conservateurs, aussi sympathiques soient-ils (et Zemmour est bien plus sympathique qu’un Richard Berry qui en l’insultant copieusement montre qu’il n’a absolument rien compris au débat sur l’immigration en tant que problème objectif) ne sont pas nécessairement les meilleurs défenseurs de la liberté parce qu’ils pensent qu’elle est incompatible à un certain moment avec la persistance de l’être, ce qui est faux. On peut fort bien affirmer qu’en effet être ensemble ce n’est pas seulement vivre ensemble, sans pour autant que cet être ensemble signifie qu’il faille fusionner et donc devenir uniforme : il y a là certaines nuances qui ne sont pas saisies et c’est bien dommage pour la cause de la liberté de plus en plus mis à mal par les absolutismes alors qu’elle tente de limiter le sien propre précisément en ne confondant pas intérêt logique et incidence morale de la conséquence de son application, ce que Bentham appelait l’approche déontologique, ce que je solidifie avec l’approche morphologique de la liberté.

Lucien Oulahbib

source: kabyles.net

Tag(s) : #Actualité
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